Dérive de la compréhension de la notion de transformation

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L’acception du mot changement renvoie d’abord à ce qu’on peut observer dans la nature. Aristote définit, à ce propos, la nature comme « un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par soi et non par accident » (Physique II, 1). Il y distingue quatre grands types : le changement selon la substance (génération et corruption), selon la quantité (accroissement et décroissement), selon la qualité (altération) et selon le lieu (transport). Le premier concerne la substance, tandis que les autres changements concernent les accidents, c’est-à-dire ce qui lui arrive. Cette typologie avait l’avantage d’une certaine clarté, et l’analogie avec les entreprises évidente. Trop peut-être ?

Le terme de transformation qui court aujourd’hui dans tous les propos sur l’organisation semble durcir le trait, le rendre plus technique. Il s’agit plus précisément de donner une autre forme : elle en appauvrit la portée. S’il s’agit de donner simplement une forme nouvelle à une chose déjà existante, on élimine du champ de considération les autres types de changements énumérés. Par ailleurs, il n’est pas anodin que ce terme soit aussi employé en mathématiques. Cela renvoie d’une certaine manière à l’opacité de formules (pour le commun des mortels) qui débouchent bien souvent sur des mesures cosmétiques, sans toucher au cœur du problème.

Autrement dit, dans l’acception du mot, en remplaçant dans l’usage commun, le mot de changement par celui de transformation, ne veut-on pas signifier qu’il s’agit avant tout de préserver l’homéostasie du système ? Au-delà des mots, n’observe-t-on pas une crispation des organisations qui fonctionnent toujours selon le mode ancien, incapable de se repenser pour affronter les réalités qui viennent ?

En rendant son approche plus technique, en spécialisant toujours davantage les savoir-faire, n’y a-t-il pas une volonté ou un désir inconscient de ne pas remettre en question le mode de fonctionnement de nos organisations ? De plus, les multitudes de cabinets de conseil qui s’occupent en effet de « transformation » ont-ils réussi à vraiment changer les choses ?

Il y a d’ailleurs un précédent avéré avec le couple morale/ éthique : la morale concernait tout le monde, l’éthique devient l’affaire de commission et d’experts. Ce glissement sémantique à propos d’une même réalité permet de déposséder peu à peu chacun de nous d’une responsabilité individuelle réfléchie pour la confier à un groupe déterminé (dont on doit suivre les règles et préceptes).

La dépossession pour tous de ces sujets fondamentaux pour les confisquer au profit d’un petit nombre semble révélateur d’un mouvement profond de notre société face à sa propre complexité, comme dans tant d’autres domaines…

D’où l’importance de revenir à un accompagnement d’abord humain, et moins technique dans ces transformations, en mettant en première place les vrais acteurs du changement d’une part et en leur donnant un environnement favorable à l’action d’autre part. C’est tout le sens de la mission de Blue By Now. 

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